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La diversité de la production :

Au milieu du XIXeme siècle, Souvigny fabrique de la bouteille. Après 1870 cette production est abandonnée, et remplacée par une production beaucoup plus éclectique : limonadier, vaisselle (compotiers avec assiette), du matériel pour pharmacie, des urinoirs, des éprouvettes, des crachoirs, des abreuvoirs pour oiseaux, des pièges à mouche… (Catalogue de 1921). Après la Deuxième Guerre Mondiale, le limonadier domine.

 

Enfin, à la fin des années 70, « les verreries de Souvigny fabriquent 6 types de produits : gobeleterie (verres ordinaires et carafes), fantaisies (verres fantaisies et carafes), verrerie mécanique, verrerie de laboratoire, hublots d’éclairage, émaux en baguettes.

 

Au fil des années, la part de la verrerie fantaisie a augmenté au détriment de la gobeleterie, fortement concurrencée. Â» (in dossier de liquidation)

 

La verrerie a produit du limonadier pour l’hôtellerie de luxe (Meurice, Georges V), pour les compagnies aériennes (Air France, et les verres empilables pour le Concorde), et pour les compagnies transatlantiques. Elle a d’ailleurs largement utilisé cette clientèle pour valoriser son image. Mais l’essentiel de la production d’après-guerre semble bien avoir été le limonadier classique. D’ailleurs, le Procès-Verbal du CE du 13 janvier 1974 mentionne que, face au ralentissement des commandes, l’entreprise « continue le limonadier tout en déviant sur les articles fantaisies. Â»

 

Il est à noter que l’entreprise a possédé jusqu’à 3500 moules, ce qui témoigne d’un très large potentiel de production.

Les volumes de productions

Au milieu des années soixante, un rapport du CE mentionne le fait qu’il faudrait passer de 12000 à 16000 pièces / jour pour répondre aux commandes et assurer la bonne marche de l’entreprise.

En 1970, l’entreprise produit 4 millions de pièces.

En 1974, la Direction « estime que l’Usine n’est rentable qu’à partir d’une moyenne de 10000 pièces fabriquées par jour. Â» Il faut dire que la production qui était de 11722 pièces par jour en 1973, est passée à 9530 pièces par jour en 1974, soit une baisse de 20%.

 

Les problèmes de volume de production semblent avoir été fréquents, en lien vraisemblablement avec un taux d’absentéisme assez élevé, et avec un taux de rebuts également très important.

La concurrence

En 1954, les projets de libération des échanges entre membres de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) inquiète l’industrie verrière. L’union douanière franco-italienne est particulièrement redoutée, car elle aboutirait à la suppression des droits de douane «permettant ainsi aux marchandises concurrentes italiennes, dont les coûts de production sont très inférieurs aux nôtres, d’entrer sur le marché français.» Les salaires et les charges sociales sont inférieurs en Italie.

Très rapidement, dès les années soixante, le verre mécanique étranger (chinois, allemand, japonais…) va être une concurrence particulièrement féroce pour Souvigny.

 

En France, en 1979, « les concurrents directs de Souvigny sont au nombre de quatre : Compagnie Française du Cristal, Usine de Portieux (Vosges), Cristallerie Fougeraise (fabrication semblable à celles de Souvigny dans le verre limonadier ordinaire), Cristallerie de Hartzviller (coopérative ouvrière ayant la même importance que Souvigny, fabrication de qualité moyenne), Verreries et cristalleries de la Rochère (C’est le concurrent le plus direct de Souvigny : il fabrique les mêmes articles, travaille dans le même créneau et pratique les mêmes prix de vente. De plus il fabrique de la tuile de verre et du pavé de verre.) Â»

 

La Compagnie Française du Cristal a abandonné le site de Portieux en 1981. L’usine a survécu tant bien que mal, jusqu’à sa mise en liquidation judiciaire le 4 juillet 2012. La Rochère a réussi à s’adapter, a maintenu du verre soufflé bouche à côté du verre mécanique et emploie aujourd’hui 180 personnes. La cristallerie fougeraise n’existe plus, et la Cristallerie d’Hartzviller a été mise en liquidation judiciaire en 2004.

 

Les problèmes
 
​L’énergie

En 1944-1945 la verrerie souffre d’un problème d’approvisionnement en charbon qui contraint les verriers au chômage. Ce charbon provient de St Eloy les Mines, car il est le seul de la région à avoir un pouvoir calorifique suffisant pour le travail du verre.

En 1974, la Direction se plaint en comité d’entreprise de « l’augmentation exagérée du fuel et des matières premières Â». Mais cette fois, c’est sans espoir d’amélioration.

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La création et la vente

L’entreprise n’a pas de service dédié à la création. Elle a donc du mal à innover, à s’adapter au marché et à trouver des débouchés. Elle affronte alors des périodes peu propices, comme en 1968, année durant laquelle les commandes font fréquemment défaut. De plus, après 1974 l’hôtellerie, en difficulté, refuse l’augmentation des prix et envisage de se tourner vers les productions mécaniques et étrangères, moins chères, contraignant la verrerie à développer la fantaisie, mais toujours sans véritable service créatif.

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Rebuts et absentéisme

Lorsque les ouvriers sont payés à l’heure, au début des années soixante, le taux de rebuts varie, selon la direction, entre 32 et 48%.

 

Au milieu des années soixante, avec le paiement à la pièce pour l’ensemble de la halle, le taux de rebuts passe à 11 - 12%.

 

De plus, il semble que la pratique du bousillé, qui théoriquement permet au verrier de se faire la main pendant les pauses ou après le travail, se transforme parfois en petite entreprise personnelle, empiétant allègrement sur le temps de travail, et dont la production est vendue « sous le manteau Â».

 

Enfin dans les années 60 70, l’absentéisme semble avoir été une plaie permanente pour l’entreprise. Les places sont fréquemment désorganisées du fait des absences, et naturellement la production en pâtit. Pour lutter contre cet absentéisme, le CE extraordinaire du 18mai 1967 évoque la mise en place d’un projet de prime collective mensuelle, que ne toucherons que ceux qui ont moins de trois jours d’absence dans le mois. Le CE du 10 janvier 1968 va plus loin : en cas d’absence des personnes assidues, il n’y aura ni demande de certificat, ni mise à pied : autant dire que les ouvriers assidus bénéficient d’un jour de congé mensuel supplémentaire !

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